who cares if one more light goes out in a sky of a million stars? (anris)

on se blesserait même avec zéro mot. pourtant aucun mur sur cette terre ne pourrait étouffer le cri de nos phéromones. on risque pas de tenir longtemps.

Regard perçant, à défaut de ses mains, ce sont ses yeux qui lui tranchent la jugulaire. Elle bouillonne Anja. Elle tremble de rage et il l’entend presque réciter toute sa partition d’insultes dans sa tête. Douce symphonie qu’il prend un malsain plaisir à la faire jouer. Ses doigts caressent distraitement la peau qui s’offre à eux et il n’écoute pas un traître mot de ce que cette fille lui raconte. Âme errante au comptoir, le regard aux aguets pour un bras autour de ses épaules. Un verre pour remplacer une rose et un sourire pour ne pas se donner la peine d’un bonsoir, elle avait glissé sa main dans la sienne. Les minutes s’écoulent et c’est à peine s’il se souvient de son nom. Quatre lettres lui trottent déjà dans la tête et elles ne sont qu’à quelques mètres de lui.

La colère qui l’anime, elle claque les verres sur le comptoir et il se demande si elle imagine son visage à chaque coup. Le dos tourné il glisse son regard vers cette silhouette qu’il reconnaîtrait entre milles. Jeu du lion et de sa proie. Ils s’y brûlent les doigts depuis des années. Rien n’y a jamais changé. Jusqu’à maintenant. Des mois qu’elle a renversé le plateau et gardé toutes les cartes entre ses mains. Un froid glacial qui lui berce le cœur depuis. Plus un mot, des regards à la dérobade, des contacts soigneusement évités. La partie arrêtée sans qu’il ait son mot à dire. Il déteste ça. Être mis à l’écart, dans l’ombre, sous ce silence pesant. Chris il préfère quand ça hurle, quand les mots volent et lui claquent à la gueule. Il préfère quand ça cogne dans sa poitrine et qu’elle flanche entre ses doigts. Tout mais pas ce putain de silence glacial. Alors il la cherche. Il joue aux cons et ramène la première venue sous son nez. Il attend qu’elle croise son regard et déplace une mèche dorée en effleurant ce visage pris au milieu du champs de bataille. Les tirs attendus ne partent pas et il commence presque à s’intéresser à ce qu’elle lui raconte. Ses lèvres rosées lui soufflent des propositions pour poursuivre cette soirée, mais un sourire eut à peine le temps de se dessiner sur son visage, qu’une chaise se tire en face de lui. L’air faussement désolé qui cache sa langue tranchante. Anja elle ne passe pas par quatre chemins. Sa compagnie du soir le regarde avec insistance, l’attente d’une défense qui ne viendra pas. Elle avait rempli son rôle, elle pouvait partir maintenant. Toujours aussi charmante avec les clients Anja. Ses yeux clairs rivés sur elle, il retient un rictus victorieux et daigne finalement offrir un dernier regard à la blonde. On remet ça bientôt. Une promesse vide de vérité, il l’aura déjà oubliée dans quelques heures. La stupeur sur son visage puis la colère, elle prend son sac et s’en va en laissant quelques noms fleuris franchir ses lèvres.

Enfin seuls. Il la jauge un instant, son regard perçant il ne sait pas vraiment ce qu’il cherche. Les bras en appui sur la table, il se penche vers elle d’un air défiant. Ah ouais ? Et dis-moi, qu’est-ce que j’ai gagné exactement ? Un rire souffle entre ses dents avant qu’il ne s’affaisse dans sa chaise. Non pas que tu m'ennuies, mais ta compagnie n'est pas vraiment un cadeau. La voix douce qui fait glisser ses piques. Pas question de jouer ce soir. Ses doigts déjà à la recherche d’une clope, il fait aller la flamme et l’embrase. La fumée s’envole et la toxine descend son organisme. Qu’est-ce que tu m’veux Anja ?

on se blesserait même avec zéro mot. pourtant aucun mur sur cette terre ne pourrait étouffer le cri de nos phéromones. on risque pas de tenir longtemps.

Anja. Doux prénom qui roule sur sa langue depuis six années. Que ce soit un cri qui accompagne son poing contre un mur ou un murmure délicatement glissé jusqu’à son oreille, il s’est accroché à son esprit et ne s’en est jamais défait. L’attirant autant qu’il le fait perdre pieds, une danse funeste qui les conduit lentement vers leur perte. Un champs de bataille pour relier leurs cœurs, ils s’aiment à coups de verres brisés et de mots qui claquent sur la joue. Relation dysfonctionnelle dans laquelle il se complaît dangereusement depuis bien trop longtemps. Le problème c’est qu’il peut pas la laisser partir, Anja. Il a bien essayé pourtant, à plusieurs reprises. Parce qu’il est pas comme ça Chris. Il traîne pas dans les même draps que la nuit précédente, il s’attarde pas pour être sûr que ses doigts n’aillent pas caresser une autre chaire. Il cherche même pas à retenir un foutu prénom. Mais Anja, elle a planté ses griffes dans son esprit, faisant peu à peu son chemin jusqu’à son myocarde pour le serrer à chaque fois que les regards se croisent. Et depuis qu’elle l’évite, il y a ce froid dans sa poitrine. Ce feu glaçant qui le pousse à la retrouver. Fuis-moi je te suis. Cercle vicieux duquel ils ne savent pas se défaire. La folie lui souffle dans le cou mais il reviendra toujours vers elle.

Un doigt qui effleure cette joue poudrée et quelque chose explose dans ses yeux. Elle craque et les griffes se resserrent. Une douleur qu’il ajouterait presque à sa liste de vices tant il y a pris goût. La froideur dans ses gestes et ses paroles, détonante avec cet air d’innocence qui se peint sur son visage. Le blond s’amuserait presque de cette situation familière si sa victoire n’était pas aussi amère. Elle sourit, la victoire qui s’étale sur ses lippes sans retenu. Lui se contient, les derniers mois restés en travers de la gorge, il esquisse tout de même un sourire à l’annonce de son prix. Tu vas pas me laisser tout seul quand même. Le silence qui s’allège, elle a fait un pas vers lui en interrompant son petit manège. Poussée par cette possessivité qui leur ronge le cœur. Après tout c’est ta faute si j’me retrouve comme ça. Tu m’en dois une Keynes. Eclat de défi qui allume son regard, le Ridley étire ses lippes face à l’acte de la brune. Evidemment que sa compagnie lui est plaisante. Elle lui est même devenue indispensable au fil des années. Plus addictive encore que toutes ces merdes qu’il peut infliger à son organisme. Il écorche son coeur autant qu'il le chéri. L’interdit qui ne franchira probablement jamais ses lèvres. Il est peut-être le dernier idiot de cette ville à ne pas l’avoir compris. Aussi plaisante que cette fille je sais pas… Mais si ça peut t’faire plaisir, j'peux admettre que t’es pas trop mal non plus. Les traits tordus par un rictus, elle s’amuse Anja. Et lui aussi. Enfin là, on dirait plutôt que c’est toi qui peux plus te passer de moi, babe. Les doigts qui jouent avec sa cigarette, ses genoux effleurent à peine les siens et leurs regards ne se lâchent plus, comme si l’autre manquait de disparaître au moindre battement de cil.

La fumée s’envole et les sépare, embrumant ce visage qui l’attire vers la folie. Elle semble tendue. L’assurance légendaire qui s’envole avec le nuage de fumée. Il s’étonne de voir ces lippes, débordantes de répondant, se fermer à sa question. Une fragilité qui l’a touché dès les premiers jours. Elle est pas parfaite Anja, loin de là. Et ce sont ses failles qui l’attirent plus que tout. Un silence pour lui délivrer une réponse toute aussi vide. Le blond secoue la tête, l’amusement éphémère. Ce qu’il veut elle le sait très bien. Les réponses aux questions qu’il n’a même pas. La fin de ce silence infernal. Mais elle veut jouer. Rester cachée derrière ces masques. Toujours plus simple que d’avouer l’impardonnable. Mon petit jeu ? La voix se chauffe, sourire carnassier aux lippes, il plante ses iris dans les siennes. Oh mais c’est vrai que c’est moi qui joue les fantômes depuis des semaines, sans aucune foutue raison. Le ton posé et froid, il retombe contre le dossier de sa chaise, les doigts nerveux qui jouent avec sa compagne cancéreuse. Tu sais très bien c’que je veux. Il tire une dernière fois avant d’écraser le mégot face à lui. Le verre délaissé saisi entre ses doigts, elle lui offre un air faussement suspect qu’il balaye d’un bref sourire amusé. Si j’avais su que tu t’incrusterais à ma soirée… Ses phalanges rugueuses qui s’emparent de son propre verre, il le lève et fait claquer les deux sources d’ivresse entre elles. A ma victoire alors ?

on se blesserait même avec zéro mot. pourtant aucun mur sur cette terre ne pourrait étouffer le cri de nos phéromones. on risque pas de tenir longtemps.

Une nuit de plus à profiter de la chaleur d’un autre corps. Cette première fois où ses lèvres avaient trouvé les siennes. Cette fois-là et toutes celles qui avaient suivi. C’était juste histoire de s’amuser, ça veut rien dire. Le verre de trop et demain on oublie. Du moins c’est ce qu’il se répétait à chaque fois que ses crocs s’enfonçaient dans cette chaire bien trop tendre. Passion malsaine qui avait mis à terre le peu de principes qu’il s’était fixé. Pas les mêmes draps. Pas les mêmes lèvres. Juste une paire de seins entre les mains et aucun nom auquel se rattacher. Le poison ambré pour noyer les pensées et l’aiguille pour pourrir le myocarde. Et que tout disparaisse. Les doutes, les remords. Les sentiments. Pas besoin de toutes ces conneries. Tout irait bien. Mais elle, elle s’était immiscée sous sa peau. Ses griffes plantées dans sa chaire. Son odeur qui flottait autour de lui où qu’il aille. Ses yeux pétillants de malice qui cachaient tout autre chose. Ses baisers ardents qui ne manquaient jamais de marquer son épiderme. Les paumes à terre elle l’avait mis à genoux. Leurs cœurs enchaînés incapables de se défaire. Prisonniers de leurs propres pulsions. Un amour fou. Un amour à en crever.

Ça s’embrase quand leurs regards se croisent. Un feu dévastateur qui les consume où qu’ils soient. Des flammes qui bouffent leurs entrailles et les rongent de l’intérieur. Ils s’aimeront à s’en brûler les ailes, ils le savent. Et ce jour-là, la chute sera fatale. Elle s’impose à lui. Comme toujours, sa présence indéniable. Qui lui rampe sous la peau pour ne plus jamais le quitter. C’est que ça lui avait presque manqué. Les regards lourds de reproches. Les cœurs en miettes qui se hurlent un silence assourdissant. Pas sûr de savoir s’ils sont sur le point de s’égorger ou de s’arracher ces tissus superflus. Ce calme irritant qu’elle affiche, cette impression qu’elle en sait bien plus qu’elle ne le laisse paraître. Sa jambe s’agite et il sait qu’il n’obtiendra aucun répit ce soir. Les dés qu’elle lui balance à la gueule. La partie commence qu’il le veuille ou non. Un jeu qu’il connaît par cœur et pourtant, une étrange sensation de ne pas connaître toutes les règles. Comme si ses mains étaient tenues par des ficelles. Lentement manipulées vers le métal froid d’un flingue dirigé vers lui-même. Elle s’amuse, prend plaisir dans sa position supérieure. Le savoir, une arme délectable dont elle se lèche les doigts devant ses yeux. Et lui regarde, l’avidité et la jalousie qui lui brouillent la vue. Le verre au bord des lèvres, il avale ses questions et crame sa rancœur dans sa trachée. Depuis quand tu t'inquiètes pour moi ? Le ton est amer et il espère presque qu’elle ne lui répondra pas. La réponse à celle-là il la connaît et il la craint autant qu’il en a besoin. Les doigts qui pressent sa peau, il baisse ses yeux dessus et s’empare de sa main. Ses doigts fermes autour des siens, il allège sa prise pour effleurer ses phalanges d’une caresse. J’t'avoue que je dirais pas non à un autre coup de main. Un sourire qui étire ses lippes, il retrouve ses iris pour ne plus les quitter. L’arrogance débordante, elle a complètement renversé le plateau. Habituellement maître de ce jeu qu’il aurait presque pu inventer, le blond se retrouve comme un de ces foutus pions qu’il prend un malsain plaisir à envoyer vers leur perte. Il la teste, cherche à la faire flancher mais elle reste droite. Intouchable derrière ses remparts. Presque comme aux premiers jours. Une fragilité qu’elle se devait de masquer dernières des tonnes et des tonnes de briques. Des paroles pour jouer, une valse qu’ils pratiquent depuis des années. Sa moue qu’il imite avant de se pencher sur la table. Et ce cher Arthur était pas là pour te divertir donc t'as décidé de revenir m'emmerder ? C'est vraiment mon jour de chance dis moi. Son sourire qui s’étale, le blond s’agace de ces fossettes qui se creusent devant lui. Tu pouvais juste dire que j'te manquais tu sais. Elle joue avec lui en gardant toutes les cartes en sa possession. La victoire assurée qu’elle ne manque pas d’afficher.

L’ignorance qui plane au dessus de sa tête, manquant de s’abattre sur lui une fois la vérité découverte. Mais il peut pas chris. Il peut pas continuer comme ça à avancer avec ce bandeau devant les yeux. Il peut pas continuer à la regarder lui sourire avec cet air absent, lui jouer cette même chanson aux notes complètement fausses. Alors il met les pieds dans le plat et il balance ses accusations. La colère non dissimulée, il laisse entendre cette question qui le ronge depuis des semaines. Mais elle lui claque sa mascarade à la gueule. Ce masque qu’elle enfile, ses traits qui se brouillent. Elle reste droite et ne montre aucune faille. Ou presque. Son regard qu’elle laisse à l’abandon avant de lui délivrer des mots équivalents à son silence. L’arme qui s’approche de son crâne, ses propres mains autour de la crosse. Il bouillonne le blond, il s’agite sur sa chaise et ses yeux s’assombrissent alors que les idées fusent. Dis moi. Ils vont où tes yeux quand tu t’enfuis. Elle vient d’où cette hésitation dans ta voix. Dis moi. A qui tu penses en ce moment.  Je vois. C’est qui l’autre. Il sait Chris. Il sait déjà qu’elle n’est pas prête de lui donner ce qu’il veut ce soir. Planquée derrière sa grande muraille, elle n’est plus là. Des banalités qu’elle relance, il l’écoute à peine et soupire entre ses dents. Un simple hochement de tête qu’il lui accorde avant de claquer son verre contre le bois. Lâcher prise ça a jamais trop été son truc à Chris. Alors il continue. Il cogne ce mur et s’y saigne les poings. Le regard qui tombe sur son mégot éteint. Un sourire glacial qui imprègne ses lèvres. Alors c’était qui ? Les doigts qui se glissent vers la gâchette. Il sent presque le dur métal se presser contre sa tempe. Sa langue vient humidifier ses lippes alors qu’il se redresse pour soutenir son regard. Le connard que t’as baisé toutes ces semaines. Il hausse les épaules et feint une curiosité innocente. Non pas que j’en ai quelque chose à foutre de qui tu t’tapes mais il devait quand même être foutrement important pour t’prendre tout ton temps comme ça. J'me trompe ? Le rictus qui se creuse, il attend. Le canon glacial contre sa peau. Vas-y, tire.