storms ahead ☽ arthur

we were young and drinking in the park there was nowhere else to go and you said you always had my back oh but how were we to know ?

N’importe qui aurait arrêté. Les poignets rougis et l’égo mis à terre. Pas question d’y retourner. Deux séjours longue durée en prison ça a de quoi en dissuader plus d’un. Une remise en question à la limite. Peut-être qu’il serait temps de se faire discret. De disparaître et de tout recommencer ailleurs. Mais pas Chris. Chris ça l’a seulement conforté dans l’idée qu’il se faisait de la vie. Dure et violente, elle ne lui ferait jamais de cadeau. Mais pas question de baisser l'échine comme un pauvre clébard. Pas l’genre des Ridley. Une claustrophobie naissante et quelques coups d’encre en plus sur la peau, voilà tout ce qu’il avait retiré de ses séjours en taule. Et cette rage, celle qu’il nourrissait depuis tant d’années. Cette rage d’avoir plus. Simple étincelle que ce monde avait embrasé comme un feu de forêt. Les belles choses il n’y avait jamais eu le droit. Les portes lui claquaient à la gueule plus souvent qu’elles ne s’ouvraient et Chris avait vite compris que le destin c’était une belle connerie. Y’avait que lui pour faire bouger les choses et il était bien décidé à emmener son petit trafic au-delà du comptoir.

L’idée lui trottait dans la tête depuis des mois maintenant, depuis sa dernière nuit en cabane, il ne pensait plus qu’à ça. Obsession noire qui avait ravivé ce feu dans son estomac. Le rêve partagé avec le grand frère, il avait la tête ailleurs. Le regard plongé dans le vide, l’attente de celle qui n’arriverait pas. Il avait chassé sa proposition dans un coin, prétextant être à nouveau sous l’œil inquisiteur des flics. C’est pas le moment. Chris l’avait relancé à plusieurs reprises pour toujours finir par se heurter à un mur. Et maintenant c’était à peine s’il le voyait plus d’une fois dans la semaine. Mais plus les mois passaient et plus son projet l’obsédait. Incapable de s’en défaire, l’appel des billets verts et du pouvoir, plus envoûtant encore que celui des sirènes. Quelques mots murmurés aux bonnes oreilles, l’obscurité d’une ruelle pour couvrir ses pas dans l’ombre. Enfin après plusieurs jours, un nom. Ledger. Le grand loup de Londres. C’était lui. Son opportunité pour aller plus loin, pour sortir de Hill head.

La ceinture qui lui compressait les veines quelques secondes avant, délaissée sur son lit. Les paupières closes et la tête de plus en plus légère, il se laissait aller sous la tendre emprise de l’illicite. Juste assez pour tenir la soirée. Pas de quoi divaguer trop loin, il devait rester à l’affût pour se rendre à son rendez-vous de ce soir. Le bras légèrement engourdi, Chris se lève d’un pas agité et attrape sa veste avant d’entreprendre de sortir de l’appartement. L’élan coupé, la porte se bloque et il manque de se la prendre en pleine gueule alors qu’il perd la clope qui avait déjà trouvé le chemin de ses lèvres. Merde ! Tu veux m’tuer ou quoi ? Sa copie conforme, les traits plus âgés et légèrement plus tirés par la vie. Arthur referme la porte derrière lui avant de faire son chemin dans leur appartement. J’commençais à croire que tu t’étais trouvé un nouvel appart. Le ton léger, la langue qui s’écorche contre ses dents. Des jours qu’il n’avait pas vu son frangin et voilà qu’il se pointait comme une fleur.