∴ nos actes ont toujours des conséquences... mais il faut qu’on vive avec. (camilla)

Elle n'a eut qu'à passer un appel, une simple sonnerie de téléphone, son prénom qui s'affiche sur son portable. Il ne faisait rien, et quand bien même il faisait quelque chose, il l'a abandonné. Parce qu'à cet instant, quand son prénom est apparut sur l'écran, il a tout oublié, tout ce qu'il avait prévu. Il en aurait même oublié son propre prénom si elle lui demandait.
C'est quand même dingue d'être à ce point serviable. Non il ne l'est pas avec tout le monde, nombreuses sont celles qui auraient voulu qu'il daigne ne serait-ce que les rappeler au lendemain d'une partie de jambes en l'air, mais jamais. Ce n'est pas dans ses habitudes et ça, il ne changera pas.
Il est là, dans l'habitacle de sa voiture, la nuit qui est tombée, il ferait presque trop froid pour mettre le nez dehors mais il l'a fait. Pour elle. Uniquement pour elle.

Seul bémol qui dénote de son style, il n'a pas eu le temps de mettre une tenue descente. Pour elle. Son jean noir avec des traces de peintures qu'il n'a pas réussi à enlever, son t-shirt blanc, un basic qu'il a dans sa petite armoire de fringue chez Léo. Un perfecto noir, qu'il a cette fois-ci emprunté à Léo, sans lui demander son autorisation. Après tout, entre potes ont se prête tout ?
Entre ses lèvres, il fume la troisième cigarette depuis qu'il est garé. Le tournis qui commencerait à lui prendre la tête. Il est nerveux, comme à chaque fois qu'il l'attend. Comme à chaque fois qu'il la voit. Un quartier dans lequel il n'a pas l'habitude d'aller. Le restaurant semble afficher complet. S'il regarde bien par les immenses baies vitrées de la devanture. Mais il ne préfère pas s'attarder, il ne veut pas passer pour un voyeur, même si, inconsciemment il la cherche. Parce qu'il la protège, parce que Saul Ledger lui a demandé de veiller sur elle le temps des courses qu'elle lui demande de faire. Il accomplit son travail, rien de plus. Quelques petits bonus en plus ne lui font pas de mal après tout.

Mais quand il pose enfin ses yeux sur elle. Il en oublie l'heure, l'endroit, le temps, son téléphone qui sonne, son moteur éteint, tout. Il jette sa cigarette sur le sol, ouvre sa portière et sort. Les jambes qui tremblent, le cœur qui s'emballe, les gouttes de sueur qui perlent le long de son dos. Il s'approche d'elle, merde, il sent la clope, peut-être qu'elle n'aime pas l'odeur de cendrier froid ? Sa voiture aussi, avec tout ce qu'il a fumé en l'attendant. Il est parti plus tôt qu'elle ne lui avait demandé, pour être certain d'être là quand elle sortira du restaurant. « Bonsoir. » Qu'il balance, essayant de garder une attitude détachée, peu convaincant, il n'a d'yeux que pour elle. Les autres femmes avec qui elle est, il s'en fiche. Son esprit, ses yeux, son attention, c'est pour elle.
Bon, il les salue quand même d'un signe du menton. « M'dames. » Mais bien vite son regard se pose, une fois de plus, sur elle. Camilla.

« Vous avez passé une bonne soirée ? » Et les autres qui gloussent doucement. Il est plutôt pas mal, faut l'avouer, probablement qu'elles sont envieuses que la femme de Saul Ledger ait un chauffeur comme lui. D'ailleurs, en fronçant les sourcils, il doit en reconnaître une ou deux, il en a déjà conduit. C'est celles qui paient le mieux, et c'est souvent celles à qui il refuse les avances.
Gentleman de bas étages, juste le temps de la ramener, il tend son bras jusqu'à elle, espérant un touché, un simple contact. « On y va ? »