king of the clouds • silas

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Silas Aughris

In the backbone of night, I'm combustible

nom, prénom(s) ◇ SILAS WILLIAM AUGHRIS, ça en jette. Ca fait homme d'affaires, ça fait sérieux, et puis au final ça fait ça. Lui. Silas. Pas bien dans son prénom, pas bien dans ses racines. Il a hurlé à la lune que les S, les A et les I, ça lui allait pas au teint, mais la lune, elle a juste secoué la tête, haussé les épaules et claqué la porte. Alors on dit pas Silas, on dit Sylphe, son nom d'artiste, ou alors on l'appelle pas, on le voit venir, comme une tornade. âge, lieu de naissance ◇ Il vous dira 22, il vous dira 34, il vous dira 12, il vous aurait dit 187 si vous l'aviez laissé continuer. Et pourtant il en est à 26. Ca fait pas moins de 26 ans qu'il aimerait bien exister, mais qu'il a pas trop le temps, Silas. Il est né en Irlande, à Limerick, mais ne lui demandez pas de vous en dessiner un plan. origines, nationalité ◇ Irlandaises, par son père, britanniques, par sa mère. Puis ballotté entre les deux et finalement balancé dans une Grande-Bretagne qui lui a parfois paru bien étroite. statut civil, orientation ◇ Célibataire éphémère, il pollinise et pollue, puis il s'envole et s'écrase. C'est un cycle sans fin d'amours fragiles et de déchirures tranquilles. De toute façon, son cœur est trop imbibé pour sentir les blessures. En orientation, il est nul. Il se perd fréquemment dans son lit. D'ailleurs, il se perdrait dans le lit de n'importe qui. occupation ◇ Il a longtemps hésité entre sans-abri défoncé ou chômeur inébranlable, mais finalement il est devenu tatoueur. Il est plutôt excellent, quand il prend la peine de venir. Il est toujours à deux doigts du licenciement. Pourtant, il aime son boulot. en ville depuis ◇ trop longtemps. Depuis qu'il a six ans. Il est parti quelques temps, mais il saurait plus vous dire où, ni ce qu'il s'est passé, il s'en souvient pas. Puis il est rentré parce qu'il a jamais eu de grand rêve en lequel il aurait pu croire. Du coup, il croit que ça sert à rien de faire trop d'efforts. traits de caractères ◇ quelques adjectifs en vrac, esquisses d'une personnalité infiniment complexe: égocentrique, charismatique, perspicace, dépendant, jaloux, tolérant, amiable, enjoué, angoissé névrosé abîmé, fragile, faible, paresseux, amical, intelligent, artiste, créatif, autodidacte, inventif, bavard, exubérant, exaspérant, menteur, philosophe, curieux, casse-cou, ennuyant, infiniment amoureux, torturé, grégaire, survolté, têtu, pacifiste, musical. groupe ◇ drowning avatar, crédits ◇ Robert Sheehan, angeldust

✰ BORN TO DIE

Silas, c'est un vent de connerie sur une plaine d'ennui. Ça s'engouffre partout, ça vous mord le visage, et puis ça vous demande si vous avez pas du feu. Il souffle en rafales, il disparaît et reparaît à sa guise, et quand il vous frappe de plein fouet, il vous ébranle un peu. Il va trop vite, il veut s'écraser contre untel, puis contre untel, mais personne n'arrive à ralentir sa course, alors il souffle, et il souffle, et il souffle. Les briques fragilisées tremblent dans le vent, mais les trois petits cochons sont déjà morts. Ils sont morts d'ennui. Silas s'agace et se lasse aussi vite qu'il s'éprend et s'émeut. Il aime à foison mais jamais comme il faut, et jamais le temps qu'il faut.

Silas, ça sonne comme silence. Et pourtant, le silence, Silas, il aime pas ça. Quand il sort, il laisse la radio allumée, juste pour que ses murs ne s'imprègnent pas du vide. Pour que quand il rentre, il ait l'impression qu'on l'attend. Il est pas fait pour la solitude. Alors il s'entoure d'autres éphémères qui viennent peupler ses heures, ses soirées, ses journées. C'est un beau parleur, sous ses airs juvéniles, et il a ce charisme un peu gauche qui lui garantit toujours un peu de compagnie. Peut-être que ce sont les paroles incessantes qui lui échappent sans qu'il n'y pense ; peut-être que ce sont les promesses qui se cachent dans ses yeux clairs ; ou peut-être que c'est la folie et le chaos qui ont toujours l'air d'être perchés sur ses épaules trop fines.

Silas, il a pas peur de grand-chose. A part de lui-même, et de la mort, et du passé, et des océans, et des poulets. Mais la cocaïne, ça fait oublier ces choses-là. Alors souvent, il a peur de rien, et il vit comme s'il n'allait jamais mourir. C'est un répertoire à idées un peu douteuses, c'est un éclat de rire qui refuse de mourir, c'est un talent pour convaincre même les plus sains d'esprit de rester encore un peu. Il est de mauvaise foi, le lendemain, il dira que c'était votre idée. D'ailleurs, il s'octroie jamais trop la faute, Silas. C'est toujours sa faute à lui, ou sa faute à elle, ou leur faute à eux, ou celle des nuages. Faut pas trop compter sur lui, il excelle dans la déception. Il est pas très mature, et pas responsable pour un sou. Jamais là quand on l'attend, il vendrait volontiers l'âme d'autrui pour un peu de came.

Silas, il est calme quand il dessine. Donnez-lui un crayon, un stylo, un pinceau ou un peu de sang, une feuille, une serviette ou un bout de peau, et regardez-les barrières s'écrouler une à une. Devant la feuille blanche, il n'est que concentration, application et un talent qu'on ne lui aurait pas soupçonné. Pas étonnant qu'il ait choisi de dessiner pour vivre. C'est plus le même, quand il créé. L'arme en main, il redevient le gamin écorché qui vivait avec une folle et que personne n'a regardé pourrir. Silas, c'est un masque. Peinturluré de poudre blanche et de traînées de sang, d'un sourire trop grand et d'yeux trop rouges, un masque de chair et d'os qu'il s'est construit pour survivre à l'enfance. Il pose le masque face à ses créations, et il ne reste guère plus que des cendres. Sur ses œuvres, il signe Sylphe, esprit du vent, créature sans âme.

Silas, c'est un type à chat. Quand il en a croisé un sur le point de mourir, dans la rue, il l'a ramené chez lui. Depuis, lui et Sinaï ont une relation un peu particulière. Électrons libres, ils vaquent à leurs propres vies. Il arrive parfois qu'ils se retrouvent en même temps dans l'appartement de Silas, mais ni l'un ni l'autre ne reste jamais bien longtemps. Parfois, ils ne se croisent pas pendant des semaines, mais l'Irlandais sait qu'il reviendra un jour.

Silas, il porte aussi aisément des talons que s'il était né avec. Assez androgyne, il crache un peu sur l'idée des genres, Silas. Pas par engagement politique, pas pour la liberté d'expression, pas par solidarité, pas parce qu'il s'identifie plus à un sexe qu'à l'autre, non, simplement parce qu'il s'en moque. Il porte ce qui lui plaît, et il sait ce qui lui va. Mais n'essayez pas d'en faire un militant, vous y perdriez la tête. Silas, il est surtout pour sa propre liberté. Celle des autres, c'est pas vraiment son problème.

Silas, il est passé à ça d'une vie presque normale. Suite aux remarques de ses professeurs, on avait dépêché une assistante sociale qui devait venir vérifier si l'environnement d'évolution de l'enfant était souhaitable. Malade, elle avait dû annuler le rendez-vous, et à partir de là, ils sont passés à travers les mailles du filet. C'était vraiment pas de bol, un dossier mal placé, un mail supprimé par erreur, et c'était comme s'ils n'avaient jamais été là. La faute à pas de chance, les 1% restants, c'était eux. C'était lui, l'abandonné du système.

Silas, il aime pas trop qu'on le dise fou. Sa mère était folle. Lui, il est étrange, ou encore particulier, mais pas fou. Ca le terrifie, en fait, cette folie furieuse qui a ravagé sa vie et qui l'a transformé en cet être dysfonctionnel qu'il déteste aimer. Parce que et s'il en souffrait aussi ? Il ne s'en rendrait probablement pas compte, sa mère ne s'en rendait pas compte. Elle fonçait dans tous ses délires sans un instant songer à sa folie. Elle excusait ses lubies de manières diverses et variées ; la position de la lune, la hausse du taux de chômage, la qualité de l'air, le plomb dans les tuyaux, et tant et plus. Alors Silas montre un peu les dents quand on mentionne la folie.

Silas, il a touché le fond plus d'une fois. Parti de chez lui à 16 ans, il a vécu chez des amants pendant quelques temps, et puis il s'est retrouvé à la rue. Il aura tout fait pour un peu plus de drogue. Plus rien à vendre pour avoir quelque chose dans le ventre ou dans les narines, il s'est très vite retrouvé au fond d'un précipice d'où il ne se voyait pas ressortir. Il s'est vu mort, là, seul dans les rues humides de cette bonne vieille Angleterre qui n'avait jamais fait grand-chose pour lui. Et puis quelqu'un l'a sauvé, lui a mis un toit au-dessus de la tête, a mis de la nourriture dans son estomac rétif, lui a payé une cure de désintoxication qui n'aura servi à rien et, plus tard, lui aura payé une formation de tatoueur. Comme ça, sans rien attendre en retour. Lorsqu'il se tait suffisamment longtemps pour y penser, l'émotion lui coupe la respiration.

Silas, il a parfois du mal à manger. Il le contrôle mieux aujourd'hui, mais il se retrouve parfois avec un nœud au fond de l'estomac face à une assiette. Plus jeune, les rituels alimentaires étaient toujours très erratiques et souvent éprouvants pour lui, soumis aux angoisses et aux délires de sa mère. Il préfère manger debout, et toujours à des heures étranges. Au jour d'aujourd'hui, il a encore du mal à s'asseoir autour d'un repas, sauf s'il l'a préparé lui-même.

Silas, il a une dizaine de tatouages. Il a commencé très jeune, mais ils avaient pas toujours l'importance qu'il aurait voulu leur donner. Il a quelques nuages sur la nuque, et c'est peut-être le plus important à ses yeux aujourd'hui. Il a un sablier écoulé, un globe éclaté en mille morceaux, mais il a aussi quelques erreurs qu'il n'a pas commises sobre. Ca fait un moment qu'il n'a pas fait de nouveau tatouage, parce que les choses n'ont plus autant d'importance qu'avant..

✰ YOUNG AND BEAUTIFUL

pseudo, prénom / allons-y âge / 24 localisation / france où avez vous trouvé le forum / prd présence / pas trop fréquente, au moins jusqu'aux exams en mai/juin avis et plus / j'aiiiiime king of the clouds • silas 3234079294

. personnage / inventé.

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Dernière édition par Silas Aughris le Lun 11 Mar - 22:43, édité 2 fois

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painted skies in my brain

F R A G M E N T S
broken mornings

limerick train station, 7.03 am, september 1999

Rejetés et appauvris, lui et sa mère étaient rentrés en Angleterre. Il avait pas six ans, le gosse, qu'il tirait déjà sa grosse valise tant bien que mal dans la gare, ses petites dents serrées et quelques gouttes de sueur sur son front pâle. Sa mère guettait les alentours d'un œil méfiant, à la recherche de menaces qui n'existaient que dans sa tête. Ca, Silas, il en savait rien. Alors il se méfiait aussi. Il regardait les gens avec inquiétude et défiance, il scannait les horizons sans vraiment savoir de quoi il fallait avoir peur. Alors pour être certain de pas se tromper, il avait décidé d'avoir peur de tout. Des ascenseurs, qui avaient toujours l'air de faire sursauter sa mère, des poubelles, ces véritables 'gouffres à microbes'', des vieilles dames qui lui souriaient gentiment, des gens rassemblés devant les panneaux d'affichage, des caméras qui vous suivaient des yeux, des guichetiers qui volaient leurs informations. Elle serrait sa main trop fort, mais c'était pour pas qu'on le kidnappe, alors il faisait avec. Après tout, il avait un peu peur d'être arraché au vol. Il avait demandé pourquoi ils partaient, pourquoi ils partaient que tous les deux, pourquoi ils partaient, pourquoi, pourquoi, pourquoi, dis maman, pourquoi ils partaient, et la gifle était partie toute seule. Là, au milieu de la gare. Pour le gosse, l'écho avait semblé se réverbérer à l'infini, alors que personne n'avait rien entendu. Il finirait par s'habituer à ce que ses souffrances passent inaperçu. Le bruit sourd de la peau sur la peau avait été noyé par l'arrivée du train qui les emmènerait à leur perte. Hill Head. Village natal de sa mère, village fatal pour le fils. Il savait pas encore qu'il irait sûrement y crever.

hill head, the streets, 5.57 am, march 2012

Il pleuvait sur Hill Head aujourd'hui, comme depuis des années, ou du moins c'est l'impression qu'il avait. Ce sentiment d'humidité permanente, comme s'il n'avait pas été au sec depuis qu'il était arrivé dans cette ville maudite. Peut-être que c'était le manque, peut-être que c'était la pluie, ou encore sa bile, qui avait récemment décidé d'aller voir ailleurs. C'était froid, hill head, les nuits d'hiver. Les manteaux, l'alcool, ça suffisait plus à lui réchauffer les os. Il était gelé à l'intérieur, le Silas. Il avait perdu de sa superbe, trempé jusqu'au fond de l'âme, sans rien ni personne, sans un sou et sans nulle part où aller, il avait perdu de sa verve, condamné à un silence maladif. Oh, parfois, il croisait d'autres orphelins des rues, des veufs et des veuves dont la vie avait mis fin à ses jours, des affamés qui n'avaient plus rien à se mettre sous la dent que leur propre fil d'Ariane. C'était un suicide collectif qui s'éternisait, cette valse fantomatique, ces êtres toujours un peu trop maigres qui erraient comme des rats dans des labyrinthes sans issue. Silas, il avait pas tellement envie de mourir, en soi. Mais là, à cet instant, assis sur des bouts de carton à regarder la pluie lui tomber dessus, l'estomac et le cœur qui menaçaient de se bouffer l'un l'autre, il avait un peu du mal à croire que l'aube qui était en train de poindre venait pour lui.

Et pourtant, elle viendrait.

hill head, home, 4.18 am, july 2004

«Silas, bébé, je sais que tu es là. Ouvre la porte, s'il te plaît. Je suis désolée, je ne voulais pas te faire peur, mais c'est les murs, je suis sûre qu'il y a quelque chose dans les murs...» Il était roulé en boule dans le placard de sa chambre, un drap sur la tête, comme à chaque fois qu'elle l'effrayait, et il attendait que ça passe, des larmes sur les joues et de la morve au nez. Quand elle se serait calmée, il irait déverrouiller la porte, et il reviendrait là, et il la laisserait le trouver dans cet état-là. Ça faisait partie du rituel. Pour l'instant, elle tambourinait plus fort et il étouffait ses sanglots en se mordant la joue. «Espèce de sale enfoiré, ouvre cette foutue porte avant que je l'abatte! Je te faisais confiance, Silas, mais toi aussi tu me poignardes dans le dos!» Les yeux fermés, il imaginait un ciel parsemé de nuages, et il les comptait. Un, deux, trois, «Chéri, chéri s'il te plaît j'ai besoin de toi, ouvre la porte il faut que... Je suis désolée Silas, s'il te plaît, ne me laisse pas là.» Les dents serrées, trois, quatre, cinq, elle l'avait déjà eu, comme ça, six, six, six... cinq ? Il avait perdu le fil, sa lèvre tremblante et ses poings serrés autour de son drap de sécurité. Il essayait de se rappeler des bons moments. Du chocolat chaud qu'ils partageaient tous les bons dimanche matins, des soirées jeux de société et des bons moments passés au parc. Il essayait de ne pas penser à tous les mauvais moments, aux tasses de chocolat noyées dans des torrents d'injure, des jeux de société auxquels ils n'avaient pas touché depuis des mois, et au parc où les autres les regardaient avec une insistance qui le mettait mal à l'aise. Elle était partie, et ce qu'il essayait de faire, par-dessus tout, c'était de ne pas lui en vouloir. C'était le Vortex, il le savait, c'était pas vraiment elle, elle était malade. C'était pas de sa faute, elle ne lui voulait aucun mal.

Mais après tout, c'était pas de sa faute à lui non plus.

hill head, the beach, 2.49 am, august 2007

Son premier rail, c'était à 14ans. Il était chez les grands maintenant, et il voulait impressionner ses nouveaux potes. Comme tant d'autres avant lui, et autant après lui. Certains, comme lui, n'avaient pas su s'arrêter là. Silas avait été très tôt destiné à l'échec. Il n'avait simplement pas les bonnes cartes, et en plus personne ne lui avait énoncé les règles du jeu. Alors il brûlait ses atouts et jetait ses jokers, il n'y connaissait rien et il voulait s'éclater. C'était une fête comme les autres, une à laquelle il n'avait pas le droit d'aller. Il sortait par la fenêtre, il avait l'habitude. C'était Tom, ou Ben, ou peut-être Sam, qui lui avait dit quoi faire. Il avait même pas pensé à refuser, il avait pas assez de jugeote pour ça. Il y avait de la musique, de l'alcool et des potes, c'était un garage ou une grange, et il n'était pas vraiment là pour se poser des questions. Alors il l'avait fait, nouant le nœud qui le pendrait, et rien, après cette soirée, ne sut jamais égaler le sentiment de bonheur et d'éveil absolu qu'il eut ce soir-là. C'est après ça qu'il court depuis. Mais ce soir-là, avec la mer en bruit de fond, l'horizon et un sentiment nouveau de liberté absolue, ce soir-là était d'une perfection inégalable. On aurait pu les peindre, les gamins amochés qui s'étaient écrasés là à marée haute, poissons hors de l'eau qui se débattaient contre un destin inchangeable. Quelques silhouettes dans la nuit noire, les lueurs rouges de leurs cigarettes, les braises mourantes d'un feu qui n'avait su réchauffer que leurs corps, et la mer, soit-disant infinie, qui reflétait la lune, cette traîtresse. Ah, il n'avait pas fini de lui parler.

hill head, home, 10.36 am, february 2000

C'est le visage boueux et le regard fuyant que Silas se tenait là, debout au milieu de la cuisine, sous les hurlements incohérents de sa mère. Derrière le gamin, une traînée de boue et devant lui, un trou noir. Oh, ça portait les traits de sa mère, ceux qui l'avaient bercé et consolé il y a encore quelques jours, mais aujourd'hui elle n'était plus là, elle avait été avalée par le Vortex. Le Vortex allait et venait à sa guise, dévorant et recrachant sa mère à loisir. Lorsqu'elle était dans ses entrailles, il n'y avait sous ses traits que de la furie, de la confusion et de la paranoïa. Lorsqu'elle était vomie à nouveau, elle était tristesse, remords et l'éclat d'un sourire. Elle s'excusait beaucoup et pleurait souvent, mais le soleil naissait parfois sur son visage, au coin d'une lèvre, au fond d'un œil. Le Vortex ne pleurait pas, le Vortex ne reflétait pas la lumière, il l'avalait. Silas avait peur qu'un jour, il n'y ait plus que ça. La noirceur et la colère, les dents acérées plantées dans le visage de sa mère.

Pour l'instant, il se tenait là, le dos droit et le nez sale, sous des appellations et des accusations qui ne faisaient sens que dans la bouche insensée du Vortex. «Toi aussi tu es contre moi, maintenant? Tu sors te plaindre auprès de tes copains?! Tu veux qu'ils viennent te prendre, hein? T'as pas intérêt à me ramener les flics !» En pinçant les lèvres, un goût de terre séchée lui était parvenu, et il s'était concentré là-dessus, sur l'âpreté de la terre, sur cette sensation désagréable pour laisser les autres disparaître. Tant et si bien qu'il ne l'avait pas vue traverser la cuisine et se diriger vers la porte d'entrée. Il se tourna bêtement pour la regarder ouvrir la porte, pas assez courageux pour hausser un sourcil. «Tu veux partir tant que ça? Tiens, dégage! Je veux plus jamais te voir!»

Et lui, comme un con, il était resté planté là, comme un drapeau dans la tempête.

london, rehab center, day 00, 9.34 am, january 2013

L'aube était bien venue, quoi qu'un peu tard. Elle était arrivée par hasard, au détour d'une rue. Elle lui avait tendu la main, et il s'était précipité vers le soleil. L'aube l'avait nourri, elle l'avait lavé, elle l'avait logé. S'il avait su comment, il aurait été reconnaissant. Et puis l'aube l'avait balancé ici, pour se débarrasser d'une addiction qui l'avait façonné, et sans laquelle il n'était même pas certain d'exister. Il n'était que la drogue. Tout ce qu'il faisait, tout ce qu'il avait fait depuis cette première fois sur la plage, c'était pour en avoir un peu plus. «Ne vous attachez pas trop à moi, je vais pas rester longtemps.» Si on lui enlevait ça, il ne restait pas grand-chose. Des côtes saillantes, des sourires vides et un môme enfermé dans son placard. Alors il avait rechigné et s'était débattu, mais l'aube était aussi intransigeante qu'elle était chaleureuse, et il s'était laissé faire. Il scannait les visages qui lui faisaient face. Quelques bras croisés sur des poitrines défensives, quelques regards honteux rivés vers le sol, quelques yeux posés sur lui, inquisiteurs, encourageants, comme si son arrivée était celle d'un héros. «Moi, c'est Silas. Cocaïne addict. Depuis... toujours. Hm. Ca a commencé à la crèche.» Quelques sourcils haussés, les yeux pleins de honte étaient remontés jusqu'à son torse, pas encore jusqu'à son visage. Quelques sourires amusés, quelques mines incrédules. «C'était en Irlande, vous savez comment ils sont. Les filles qui travaillaient là-bas avaient monté leur petit business à la crèche, c'était dans la salle derrière la cantine. Elles nous en donnaient pour qu'on se tienne tranquilles.» On lui fit gentiment remarquer que faire son intéressant ne suffirait pas à décourager qui que ce soit, et qu'on en apprenait quand même sur lui à travers ses mensonges, mais que bon, l'honnêteté, c'était quand même mieux, et puis si vous pouviez laisser la place à d'autres, M. Aughris, nous reviendrons vers vous.

Ils étaient revenus vers lui, mais il était trop loin. Finalement, il était rentré le même, et l'aube avait eu l'audace de ne pas le laisser tomber. L'aube avait fait de lui un tatoueur, un locataire; elle lui avait rendu son bagou et elle lui avait créé des bagages.

hill head, rooftop, 1.27 am, march 2019

Les pieds dans le vide. Ca résumait bien sa vie. Et en plus, on lui demandait de marcher. S'il avait eu un public, il s'en serait amusé. Mais il était seul, et la solitude amenait toujours la réflexion, et la réflexion lui donnait presque envie d'aller remettre les pieds sur terre, là-bas tout en bas. Il avait la clope au bec, et une vue un peu médiocre sur une ville un peu médiocre, une bouteille d'un alcool ou d'un autre abandonnée à moitié vide derrière lui. Peut-être qu'il irait au boulot dans quelques heures. Au boulot. C'était impensable, et pourtant c'était bien vrai. Il gravait des œuvres d'art sur la peau des gens. Dans la mesure du possible, mais si les gens avaient des goûts douteux, c'était pas vraiment de son fait. Il n'avait qu'un objectif, c'était la constance. C'était de ne pas s'enfoncer encore plus. Il voulait garder son chez soi, il voulait garder son travail, et il voulait continuer de s'empoisonner les veines. Il n'avait pas d'espoir d'ascension, il n'était pas utopiste. Si les prémices d'un rêve venaient le narguer, dans les heures sombres de la journée, il se contentait de tourner la tête. Quand des dessins et des tableaux et des galeries venaient hanter ses heures d'éveil, il serrait les dents et s'obstinait à ne pas y croire. Il vivait pour le jour-même, jamais pour hier et certainement pas pour demain. Le futur pouvait toujours aller se faire foutre.

La nuit était jeune, l'aube lointaine et incertaine, et d'ici peu, il s'entourerait d'autres.

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oooooooh j'aime tellement ce qui se dessine king of the clouds • silas 4216861866

j'ai hâte d'en lire plus king of the clouds • silas 2817905847

bienvenue parmi nous mon chat king of the clouds • silas 1798886947

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wow.
la claque je me prends avec ta plume.
j’veux clairement la suite,
maintenant.
bon dieu j’ai relu au moins trois fois tellement j’ai adoré.
bienvenue à la maison bôté,
si t’as la moindre question, ma boîte à mp est grande ouverte.
king of the clouds • silas 2044406910

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Bienvenue !!!!

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Bienvenue parmi nous! king of the clouds • silas 485592100

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j'adore ce qu'il y a d'écrit.
vraiment hâte d'en lire plus king of the clouds • silas 4216861866

bienvenue sur le forum king of the clouds • silas 1077740477

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Merci tout le monde pour l'accueil, ça me touche king of the clouds • silas 2675475702

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bravo, t'es validé(e) !

king of the clouds • silas Tumblr_pnf5emPwPG1tc5gvpo4_250

ce personnage. il est juste parfait. tu m'as ému, j'aime ~~silas~~ sylphe. et cette plume. king of the clouds • silas 917707445

oh bordel, j'suis amoureuse.
bienvenue à la maison. king of the clouds • silas 2044406910

Tu as passé la difficile épreuve de la fiche de présentation et te voilà enfin dans les rangs de Murphy's Law. Pour bien commencer ton aventure parmi nous, il faut que tu commences par te recencer. Etape obligatoire à ne pas louper. Tu peux déjà te créer un scénario ou alors un prélien, c'est comme tu veux. Nous espérons que tu as déjà lu le règlement, si ce n'est pas le cas, nous te conseillons vivement d'en prendre part. Tu peux aussi créer le téléphone de ton personnage ainsi que son instagram, pour les plus frileux des réseaux sociaux. N'oublie pas de remplir tous les champs de ton profil. Mais surtout, n'oublie pas de t'amuser et nous espérons que ton séjour sur le forum sera des plus heureux

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