It's a hard life (Loam)

Tu enfiles ta veste et prends la direction de la sortie. Le temps d'envoyer un message à Loam et tu grimpes dans la voiture. Tu prends un petit moment pour souffler. La journée avait été vraiment pourrie pour le coup. Entre ton ex-femme qui filtrait tes appels et ton chef qui voulait te refiler un partenaire, tu ne savais pas ce qui était pire. Une solution temporaire s'offrait à toi, un bon verre. C'était la facilité depuis quelques temps. Un obstacle se présentait à toi et tu courrais boire un verre. Facilité certes, mais tu savais qu'à la longue, tu n'allais pas tenir le coup. Et si jamais l'assistante sociale venait à débarquer chez toi pour voir si tes filles pouvaient vivre chez toi une semaine sur deux, pas sûr que tu obtiennes ce que tu veux. Voilà pourquoi boire un coup était ce qu'il fallait faire ce soir. Tu te reprendrais en main demain, tu te dis ça tous les jours, ça en est pathétique mais tu t'en fous. Après plusieurs minutes de route, te voilà arrivé à destination. Tu entres dans les lieux et par réflexe, tu t'assoies à ta place favorite, Loam n'est pas arrivé, tu ne l'as pas encore repéré. Tu commandes une bière et parcours tes messages. Ton ex ne semble pas vouloir répondre à tes textos non plus. Elle semble vouloir tester ta patience. Tu sais que tu devais jouer la prudence, sortir de tes gonds ne jouera pas en ta faveur, au contraire. La bière apparaît presque miraculeusement devant toi et tu ne te fais pas prier pour l'entamer. A croire que tu avais attendu ce moment toute la journée.

tu fais tourner ton téléphone entre tes doigts. une fois. deux fois. trois fois. t'hésites pas beaucoup plus longtemps avant d'accepter la proposition de charlie, de le rejoindre au club pour boire un verre (sûrement plusieurs) en sa compagnie. t'es jamais contre l'idée, de toute manière, de te bourrer la gueule. et charlie, il le sait bien, pour toute les fois ou on t'a ramené en état d'ébriété au poste de police dans lequel il bosse. pour toute les nuits que t'as passée en dégrisement à papoter avec le flic, alors que t'était même pas tant bourré que ça - juste trop saoul pour être relâché dans la nature. t'étais pas censé bosser aujourd'hui, donc pas censé bouger ton cul de ton lit ou du canapé au salon. mais bon, pourquoi pas, après tout ? tu fais un rapide tour par la salle de bain, histoire d'avoir l'air un minimum présentable, avant de décider de garder le survet' que tu portes. il a vu pire, charlie. un soupir s'échappe de tes lèvres, tu te contentes d'attraper une écharpe à la volée, avant de t'engouffrer dans le froid de la ville, te dirigeant vers le club, pas si loin de chez-toi.

un petit soupir t'échappe, quand tu franchis les portes du club. évidemment, tu croises à peu près quarante douze personnes avant de réussir à te diriger vers le bar. (après avoir tapé la bise à tout le monde). tu distingues finalement la silhouette de charlie, et ne te prives pas pour l'emmerder un coup, passant derrière lui en lui tapotant l'épaule. (celle du mauvais, côté, c'est pas drôle sinon). tu laisses un sourire se dessiné sur tes lèvres en grimpant sur un tabouret. yo. tu souffles en glissant une main dans tes cheveux, desserrant un peu ton écharpe, histoire de pas t'étouffer avec. laisse moi deviner. une bonne grosse journée de merde ? tu demandes en penchant la tête sur le côté, le barmant s'approchant. tu te penches un peu en avant pour le saluer, avant de simplement commander une bière. t'as un peu de retard par rapport au brun, mais bon. tant pis.

Tu regardes autour de toi pour t'occuper, le temps que Loam daigne t'honorer de sa présence. Ta bière est bien entamée, à vrai dire tu penses déjà à t'en commander une autre. Quand finalement, tu sens une tape sur ton épaule et par pur réflexe, tu te tournes sur le côté avant d'apercevoir Loam qui s'installe devant toi, ravi de sa petite blague. Tu ronchonnes, tu râles, comme à ton habitude. "Putain mais t'as quel âge ?" Rien de méchant, tu râles pour la forme et puis t'étais censé être un mec alerte avec de bons réflexes. La seule excuse que tu te trouves là, sur le moment, c'est que tu n'es pas en service. Ouais, voilà, on va dire que c'est ça. "Yo" "Ouais salut..." Tu t'empares de ta bière et tu en bois une nouvelle gorgée "Laisse-moi deviner. Une bonne grosse journée de merde ?" Tu laisse échapper un soufflement de nez. Ca se voit tant que ça sur ta gueule ? "T'as pas idée. Y a des jours, tu sais, où on ferait mieux de rester couché pour éviter les merdes de la vie" La philosophie selon Charlie Brock. Passionnant. "Entre mon ex-femme qui refuse la garde alternée et le patron qui m'impose un coéquipier, ouais les jours à venir vont être bien pourris." T'étais pas du genre à te plaindre. Enfin, tu râlais beaucoup mais à aucun moment, tu voulais qu'on s'apitoie sur ton sort. T'aimais juste faire entendre qu'une chose de faisait chier. Et comme tout te faisait chier ces derniers temps, tout le monde te fuyait comme la peste. Seules tes filles pouvaient te redonner un peu le moral, de l'espoir. Mais comme tu ne les vois que deux fois par mois, autant dire que ton humeur était bien souvent maussade. Tu finis ta bière dans une dernière gorgée avant de poser ton regard sur ton compagnon de boisson de la soirée. "Et toi, les nouvelles ? Toujours la vedette des lieux ?" T'étais pas un habitué des lieux. Tu aimais y faire un tour de temps à autres, histoire de boire un coup, rien de plus. Mais lorsque Loam travaillait, ces soirs-là, tu voyais bien qu'il ne laissait personne indifférent. Après tout, tu savais de quoi tu parlais.

putain mais t'as quel âge ? un rire t'échappe face à charlie, ronchonnant un peu suite à ton comportement de gamin. ouai, t'avoues que t'en es un, mais il est censé le savoir, le brun. tu esquisses un sourire. j'sais plus. tu réponds en haussant les épaules. vingt-huit, putain. c'est trop. ouai, beaucoup trop. tu viens grimper sur un des tabourets du bar, saluant finalement le flic, haussant un peu les épaules en commandant une bière à ton tour. ouais salut... tu te pinces brièvement les lèvres, récupères ta boisson, te doutant déjà qu'il a passé une sale journée, charlie. ouai, sans doute, c'est prévisible. tu sais même pas comment il fait pour être flic. trop de contraintes. trop de p'tit con (dans ton genre). trop d'heures de boulot. un soupir t'échappe et tu hausses un peu les épaules à ses mots. t'as pas idée. y'a des jours, tu sais, où on ferait mieux de rester couché pour éviter les merdes de la vie. entre mon ex-femme qui refuse la garde alternée et le patron qui m'impose un coéquipier, ouais les jours à venir vont être bien pourris. tu te mords l'intérieur de la joue, soupires un peu. t'aimes pas ça, les emmerdes d'adulte. (c'est p'être pour ça que tu fuis toutes tes responsabilités d'adulte, putain).

tu réfléchis un instant, plongeant tes lèvres dans ta bière, fronçant un peu les sourcils face à charlie. t'sais pas ce que c'est toi, d'être avec quelqu'un. d'avoir des gosses, de vouloir s'en occuper et de pas pouvoir. putain, encore heureux que t'ai pas de gosses. puis ça va être compliqué, t'as pas c'qu'il faut pour en faire, des gamins. (parce que tu duperas personne, ouai, t'kiffes faire la meuf, comme ils disent, ces cons.) tu soupires un peu. il t'a déprimé charlie, putain. ouai, j'vois. tu souffles avec une moue. pas vraiment, mais tu sais pas trop quoi ajouter sur l'instant, c'est rare ça. enfin. la journée de merde, rester au lit tout ça. pas l'reste. tu hausses les épaules. fallait bien que t'en rajoute une couche. mais c'pas de ta faute s'il est plus vieux charlie. ou s'il a des gamines. tu viens boire une nouvelle gorgée d'alcool. et toi, les nouvelles ? toujours la vedette des lieux ? tu hoches la tête, un sourire sur le coin des lèvres. on change pas les bonnes habitudes. tu souffles. tu comptes plus les mois depuis lesquels tu bosses ici. un bon bout d'temps en tout cas. ouais, mais t'es bien, là. comme d'hab quoi. ça m'fait toujours marrer les mecs t'sais, genre, dans un coin de la salle, qui mate mais qui assument pas. un rire t'échappe. j'les appelle les faux-hétéros. tu ajoutes en plantant tes dents dans ta lèvre inférieure le temps de quelques secondes. un soupir manque de t'échapper, tu glisses une main dans tes mèches folles, les éloignant de ton front. mais j'me suis tapé un putain d'gars l'autre soir. (ton cul s'en souvient toujours). tu souffles dans un soupir d'aise.

Oh tu le savais que tu faisais face à un gamin, mais tu aimais bien râler à ce sujet. T'étais peut-être un peu jaloux de sa façon d'être, de sa façon de se comporter. Toi, t'étais le flic père de famille qui n'avait pas le droit à l'erreur, du moins c'était ce que les codes disaient. Mais les codes tu avais tendance à les emmerder dernièrement. "j'sais plus" Tu ricanes, t'aimerais revenir à son âge mais la quarataine se profilait à l'horizon. Oh t'en était encore loin, encore quelques années à vrai dire mais quand tu vois comment les quinze dernières ont passé, tu seras vite rendu à la cinquantaine. Tu frisonnerais presque d'effroi à cette pensée.

Tu n'es pas du genre à déballer ta vie comme ça, surtout dans un bar, autour d'une bière. Bien sûr, Loam n'était pas un inconnu, mais après réflexion tu te dis qu'il doit bien se foutre de tes états d'âme. Mais tu avais eu cette envie de te livrer parce que tu as besoin d'une oreille attentive. Tu as tes frères pour ça, normalement, mais encore une fois, chez les Brock, on n'est pas du genre à se livrer. "ouai, j'vois. enfin. la journée de merde, rester au lit tout ça. pas l'reste." Tu vois sa tête, sa petite moue et tu réalises que tu n'as fait que le déprimer. C'était pas voulu, vraiment. Tu aimerais ne plus avoir autant de responsabilités, enfin qui paierai pour avoir des responsabilités comme payer une pension alimentaire, passer une nuit à taper des rapport ? Personne, ou alors un masochiste. Tout ça pour dire que les choix que tu as pu prendre au cours de ces dernières années étaient tous calculé, tu étais persuadé de suivre le bon chemin, que rien ne pouvait entacher cette petite routine. C'était avant que le grain de sable ne se dissimule dans les rouages et fasse tout péter. Déprimant, vraiment. "on change pas les bonnes habitudes. comme d'hab quoi. ça m'fait toujours marrer les mecs t'sais, genre, dans un coin de la salle, qui mate mais qui assument pas. un rire t'échappe. j'les appelle les faux-hétéros." Tu hoches de la tête et fait un signe au barman pour qu'il te resserve la même chose, à toi et à Loam. "Ouais les refoulés, j'en ai connu quelques un. Ca se dit hétéro et cinq minutes plus tard, ils tombent à genoux devant toi, le caleçon aux chevilles..." Tu en rigoles mais tu peux comprendre que certains puissent encore se voiler la face. Tu le comprends mais tu n'admets pas ce fait, à l'époque actuelle personne ne devrait se cacher mais on ne peut pas changer les moeurs d'un claquement de doigt. "mais j'me suis tapé un putain d'gars l'autre soir." Tu lèves rapidement les yeux au ciel mais tu te prends au jeu. "Vu la tête que tu tires, il t'a fait passer un très bon moment je me trompe ? Je le connais ?" Tu ne connaissais pas non plus les fréquentations de Loam mais tu trainais dans le coin, tu aurais pu le croiser, même si c'était pas oignons. Mais tu t'en foutais, il n'avait pas à te lancer sur le sujet.

t'aimes trop ça, voir les mecs qui s'assument pas tomber à genoux devant toi, terminer avec ta bite dans la bouche ou dans leur cul. ou alors la leur dans le tiens, ça marche aussi, et putain, c'est trop bon, trop trop bon de les rendre à l'évidence : ils sont pas hétéros, les mecs comme ça. ils sont même loin de l'être, en réalité. tu fermes les yeux un instant.
ouais les refoulés, j'en ai connu quelques un. ça se dit hétéro et cinq minutes plus tard, ils tombent à genoux devant toi, le caleçon aux chevilles... un rire t'échappes. un rire sincère, un rire de gamin comme tu l'es. ton rire, quoi. et tu hoches la tête, buvant une gorgée dans ta bière, esquissant un sourire face au brun. tu l'aimes bien, charlie. ouais, carrément. un bon pote. avec qui t'as baisé, mais un bon pote. les meilleurs, en général. tu souffles avec une moue parce que ça les défoulent et en général, ils s'en donnent à cœur joie. et toi t'adores ça.
t'aimes te faire démonter, c'est pas de ta faute.
et tu l'assumes, surtout.

tu te mords l'intérieur de la joue et glisses une main dans tes cheveux en soupirant un peu, repensant au gars de l'autre fois. vu la tête que tu tires, il t'a fait passer un très bon moment je me trompe ? je le connais ? tu esquisses un sourire à ses mots, buvant une nouvelle gorgée dans ton verre, te laissant le temps de savourer l'alcool glissant contre ta langue et dans ta gorge. une bite mon gars. je te jure, j'ai vu les étoiles. tu souffles dans un rire. ouais, faut pas te lancer sur le sujet. t'es du genre assez cash toi, quand tu parles de cul. tu esquisses un sourire.
aucune idée de si tu l'connais. un mec grand, à la mâchoire qui découpe du papier, air ténébreux, cheveux bruns que j'ai adoré décoiffer. et un prénom à coucher dehors que ton esprit a à moitié oublié. un soupir d'aise t'échappe à ces souvenirs. bordel, j'dirais pas non pour le laisser revenir dans mon lit. tu ajoutes.
tu esquisses un sourire.
et toi alors, rien de croustillant à raconter ? tu demandes face au brun, terminant ta bière dans un léger soupir et fermant les yeux un court instant.